300g : c’est ce qu’indiquait ma balance, lorsque je pesais ma poubelle de déchets ménagers en septembre 2016 après un mois. J’étais très fière de moi, de nous deux qui, tout juste ensemble dans ce nouvel appartement, avions décidé de vivre une vie en accord avec nos valeurs. Et puis un jour, la mairie de Paris a décidé d’enlever notre compost collectif sans prendre le soin de nous tenir informés. Au mois de janvier, nous nous retrouvions donc sans compost pour nos déchets organiques, un véritable drame pour ma conscience et l’équivalent d’une saison de raclette sur les hanches de notre poubelle ménagère. Aie. Et puis au bout de quelques semaines, nous avons décidé de fabriquer un lombricomposteur pour notre appartement de 25m2 sans balcon. Génial ! Plus de déchets organiques, ma poubelle retrouvait son summer body. Jusqu’au jour où malencontreusement, il y a quelques semaines, nous avons été témoins d’un génocide de lombriques sur fond humido-azoté. Et nous revoilà, face à nos consciences, les bras ballants et la larme à l’oeil de littéralement envoyer de l’eau (et des nutriments) à l’incinérateur.
C’est là que je me suis rendue compte. Jusque là, j’avais vécu le zéro déchet comme un régime. Sautant au plafond quand ma poubelle perdait du poids, et me détestant lorsqu’elle en gagnait. D’une obsession des petits défauts de mon corps il y a quelques années, j’étais passée à celle du poids de ma poubelle. Chaque déchet qu’elle ingurgitait remettait en cause mon engagement pour la réduction des déchets.
Est-ce que le manque d’alternatives fait de moi quelqu’un de moins légitime à parler du zéro déchet ? Doit-on être parfait en tout point pour pouvoir parler ?
En prenant du recul, je réalise que le Zéro Déchet ne se résume pas au poids de notre poubelle. Le zéro déchet nous donne la capacité de prendre le pouvoir sur notre consommation. Il nous permet de retrouver le goût des choses simples, des aliments bruts, des expériences. Il nous détache de la possession pour plus de sérénité. Il relocalise nos vies, encourage les liens sociaux, le partage et le respect des hommes et des ressources. Non, mon engagement ne se mesure pas au poids de ma poubelle, et je regrette de lui avoir laissé tant de pouvoir sur mes humeurs. Car tant que je fais de mon mieux, je n’ai pas à avoir honte.
Je pense sincèrement que chaque chose que nous entreprenons n’a pas besoin d’être poussée à l’extrême pour avoir un impact. Chaque action, chaque décision que nous prenons est un vote à part entière, une manière de faire entendre notre voix et d’influencer la consommation de demain. Il suffit de voir la multiplication du vrac, des AMAP ou encore la croissance impressionnante du bio (+15% par an ces 3 dernières années, le marché a tout simplement doublé depuis 2008) pour en prendre conscience. Consommer moins mais mieux, local, de saison, en circuits court…c’est déjà prendre part à une société plus durable. Si vos déchets d’un an tiennent dans un bocal tant mieux, mais si ce n’est pas le cas, n’en faites pas (comme j’ai pu le faire) un cas de conscience. Chacun doit aller à son rythme et faire de son mieux en fonction des moyens à sa disposition. Ce n’est pas un sprint. C’est un marathon.
Cela ne veut pas dire que je baisse les bras. Nous avons demandé à la co-propriété de mettre un compost partagé dans la cours intérieur, mais pour le moment, le projet stagne. Ainsi, pour limiter mes déchets organiques, j’essaie de limiter un maximum mon gaspillage alimentaire grâce aux quelques conseils que je vous donnais pour faire vos courses zéro déchet et en apprenant à utiliser mes épluchures, avec ce livre sur la cuisine zéro déchet, dont je vous parlerai bientôt !
Au delà de la réduction des déchets, que représente le zéro déchet pour vous ?