Economie circulaire (2) : le recyclage, une solution ?

« C’est pas grave, ça se recycle. » 

Combien de fois ai-je entendu cette phrase pour justifier l’utilisation unique d’un objet la conscience tranquille. Pourtant, si l’on se penche un peu sur cette pratique, le recyclage est bien moins vertueux qu’il n’y parait ! « Attends, la bobo bio vegano extrémiste va nous dire qu’il faut arrêter de faire le tri là ? » – Bien sûr que non, mais il doit cesser d’être une excuse au gâchis. 

Pour mieux comprendre pourquoi le recyclage est loin d’être une solution sans impact, j’ai posé la question à Jules Coignart, co-fondateur de circul’R, qui répondais déjà à mes questions dans cet article. Voici sa réponse : 

« Le recyclage, c’est la boucle la moins vertueuse de l’économie circulaire. Trop souvent, on assimile l’économie circulaire au recyclage et c’est quand même assez inexact. Ce qu’il faut comprendre, c’est que lorsqu’on recycle un matériau, on va désintégrer toute la matière, puis refaire de la matière à partir de ça. Ainsi, d’une part, le recyclage utilise énormément d’eau et d’énergie. Et d’autre part, le processus de recyclage altère les ressources, c’est-à-dire qu’on ne peut pas recycler indéfiniment un certain nombre de produits, donc la qualité va se dégrader à chaque cycle de recyclage. Avant de mettre un objet au recyclage, il faut donc mieux le réparer, le réutiliser…. » – Jules

Et oui ! A titre d’exemple, le carton et le bois peuvent-être recyclés jusqu’à 10 fois. Seul le verre peut-être recyclé à l’infini, mais dans les faits, seulement 60% du verre est recyclé en France. Et pour cause, il est aujourd’hui plus cher de recycler du verre que d’en fabriquer du nouveau. Pas très encourageant pour le recyclage….

Côté vêtements, si tous les textiles sont recyclables, seulement 30% des matières textiles jetées sont réutilisées ou recyclées. Cela, à cause d’un mauvais tri, du coût du recyclage… etc. Par ailleurs, les consignes de tri sont parfois complexes car spécifiques à chaque communauté d’agglomération, et pas universelles. Il est donc indispensable de se renseigner sur les consignes de tri locales, et de bien se renseigner sur le recyclage des matières. Par exemple, dire que « le plastique se recycle » n’est que partiellement vrai. Certains plastiques oui, d’autres, non, et au final, seulement 20% des plastiques sont recyclés en France sur 3,3 millions de tonnes produites en moyenne, si vous doutez encore je vous invite à aller regarder l’épisode de Cash Investigation dédié au plastique.

 » Donc quand on dit le recyclage c’est bien, en fait c’est le « moins pire ». Il n’est à favoriser une fois qu’on a plus d’autre choix, que l’objet est inutilisable. C’est ce qui va nous permettre de réintégrer la matière dans le cycle de production. » – Jules

En fait, c’est très simple, recycler c’est bien, mais réutiliser et réduire ses déchets à la source, c’est mieux ! Et c’est bien ça l’idée du Zéro Déchet, 5 piliers qui doivent s’opérer dans cet ordre : 

• Refuser : ce dont on a pas besoin, ces petits déchets qui entrent dans notre quotidien sans vraiment que nous aillons la conscience d’avoir le choix de les refuser (sacs en plastique, pailles, échantillons gratuits…)
• Réduire : notre consommation. Comprendre nos besoins réels, par rapport à ce que les tendances et la publicité nous donnent envie d’acquérir
• Réutiliser/Réparer/Donner 
• Recycler : s’il n’est plus possible de le réutiliser, de le réparer, ou de trouver un nouvel acquéreur. Au final, avoir un comportement éco-responsable ce n’est pas recycler davantage. Au contraire, cela devrait se traduire par le fait de moins recycler, puisqu’on évite les choses dont on a pas besoin, y compris les emballages lorsque c’est possible. 
• Composter : nos déchets organiques (des conseils ici, et ici)  

Evidemment, le recyclage est indispensable pour les produits arrivés en fin de vie. Il permet notamment de créer de la matière première sans puiser dans de nouvelles ressources. Je ne dis pas que le tri n’est pas important. Simplement qu’il ne doit pas empêcher une réflexion plus globale et des achats plus durables de produits réutilisables plutôt que jetables. 

Et si vous pensez qu’avoir 3 ou 4 poubelles de tri, c’est difficile, pensez aux habitants de Kamikatsu qui trient leurs déchets en 34 catégories ! Comme quoi, c’est faisable ! Pour découvrir l’expérience des co-fondateurs de Circul’R dans cette ville zéro déchet modèle : cliquez ici

Sources : consoglobe, Recyclage.ooreka.fr,