épargne

Que finance mon argent, mon épargne ?

Note : Cet article a pour but de donner les moyens de comprendre l’impact de notre épargne, et la façon dont nos actes de consommation peuvent servir l’humain plutôt que d’enrichir encore copieusement les ultra-riches. Il n’a pas pour objectif de faire culpabiliser, ni de mettre sur les citoyens la responsabilité de l’ensemble des externalités négatives du système monétaire capitaliste. 

Que financent mes achats, mon épargne, mon argent ?

 

L’argent est roi. Plus qu’un moyen, il est aujourd’hui devenu une fin en soi, le Graal pour lequel nous sacrifions ce qui a le plus d’importance : notre force, notre vie, notre temps. Même les plus puissants de nos élus ne sont que les pantins de l’économie de marché et de la sacro-sainte croissance, en dépit de l’état du monde et de la vie sur Terre. Chaque centime dépensé ou acquis alimente ce système que nous déplorons, probablement l’une des dissonances les plus profondément ancrées dans notre quotidien. Ainsi, parce que je souhaite responsabiliser mes actes, j’ai tenu à réfléchir au meilleur moyen d’utiliser l’argent dont je dispose. Voici la réflexion qui en a découlé. 

 

Ma consommation quotidienne

 

Dans une dynamique de cohérence, en matière d’écologie quotidienne, il me semble désormais important d’aller au-delà du visible, pour penser à l’impact de mes achats en termes de ressources, mais aussi par rapport au(x) message(s) qu’ils véhiculent. Si l’on part du principe que « suffirait qu’on achète pas pour que ça se vende pas » (comme le disait Coluche), alors on comprend le rôle de nos choix de consommation au quotidien. Mon repas chez McDo encourage la production de fast food aux dépens d’une nourriture vivante végétale, locale et socialement responsable. Mes courses en grandes surfaces contribuent à la fermeture des commerces de proximité, la paupérisation des salariés et au développement de la nourriture industrielle. Mes achats d’appareils électroniques neufs donnent mon accord tacite à l’exploitation des minerais les plus rares et des forces humaines les plus jeunes et vulnérables; mes vêtements neufs à la pollution massive des eaux, l’empoisonnement et l’exploitation des travailleurs sous couvert de négligence gouvernementale et de dumping social et climatique. 

 

Quelques questions pour responsabiliser ses achats :

  1. En ai-je réellement besoin ? La sobriété, la décroissance et la déconsommation sont les seules réponses raisonnables aux enjeux planétaires. Evidemment, une vague de déconsommation nécessiterait un changement drastique dans nos manières de répartir notre temps et nos activités, mais ça, ce sera pour un autre article. 
  2. A-t-il un impact négatif important ? Sur l’environnement, les humains etc. Globalement, ça élimine tout ce qui se trouve en magasins de vêtements et d’électronique, la plupart des objets neufs. Préférez toujours le seconde main, et sinon les produits socio-éco-responsables dans une moindre mesure. 
  3. Contribue-t-il à soutenir l’économie réelle et créer du lien social (soutien direct aux commerçants, paysans, projets locaux, etc) : c’est le cas des marchés de producteurs, des cueillettes, des commerces de proximité, magasin de créations artisanales etc !

En réalité ma conscience a encore 1000 autres questions avant l’achat, et je ne vous parle même pas de la nourriture. Pour les courses, elle est plutôt du genre « t’es sûre que c’est vegan, bio, local, saison, zéro déchet…? ». Je peux vous dire que pendant la saison froide, c’est pas toujours hyper funky. Mais je fais toujours au mieux, en fonction des situations, de l’offre, et évidemment de mes moyens tout en sachant que mon passage au zéro déchet me fait faire de nombreuses économies tout de même ! Il faut dire que quand on ne consomme presque plus rien de superficiel, ça dégage un peu d’épargne. 

 

Mon épargne : l’argent ne dort jamais 

 

Côté épargne, sachez-le, (si vous avez la chance d’avoir un peu de sous de côté) votre argent n’attend pas patiemment empilé en liasses dans un coffre-fort. Il est investi par les banques dans des projets juteux parfois très peu recommandables. 

 

Voici d’ailleurs l’extrait dun article de La Relève et La Peste pour vous en convaincre : 

 

« Quel est le lien entre votre compte épargne, les cotisations pour votre retraite et le développement des énergies fossiles ? La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Institution financière publique créée en 1816, elle gère les fonds d’épargne comme le Livret A et Livret de Développement Durable et Solidaire, un cinquième des fonds de retraite publics, elle détient 50 % de la Banque Publique d’Investissement Bpifrance, et possède « en même temps » des participations significatives dans plusieurs dizaines de grandes entreprises directement impliquées dans les énergies fossiles.

 

En décembre 2017, le rôle de la CDC dans l’investissement des énergies fossiles avait été épinglé dans le rapport de l’Observatoire des multinationales et 350.org. Il détaille l’implication de la CDC dans l’investissement d’énergies fossiles, souvent réalisé avec l’argent issu de l’épargne des Français. L’étude détaillait par exemple que le Fonds de réserve pour les retraites permet d’investir plus de 2 milliards d’euros en actions et en obligations pour le charbon, le pétrole et le gaz. »

 

ou encore

 

« Bruno Le Maire a lui même reconnu qu’il y avait « tromperie sur la marchandise » sur le Livret de Développement Durable et Solidaire, qui finance encore le secteur du gaz et du pétrole et dont l’essentiel est géré par la CDC. » 

 

Je vous invite évidemment à prendre le temps de lire cet article en entier, mais globalement, vous avez l’idée. Cette épargne est utilisée, avec ou sans notre consentement ou conscience morale, pour financer des énergies du passé, piller les sols pour entretenir des modes de consommation effrénés. Si cette idée vous déplaît tout comme à moi, j’ai 2 conseils pour vous.

 

Conseil n°1

Choisissez une banque qui correspond à vos valeurs, comme le Crédit Coopératif, ou la NEF. C’est bien moins compliqué que cela n’y parait et surtout sans frais. 

 

  • Pour évaluer l’impact de votre épargne, rendez-vous sur epargneclimat.com 
  • Pour plus d’informations sur le classement des banques françaises, et pour interpeller votre banque afin qu’elle mette fin à ses investissements dans les énergies fossiles (et par fossiles j’entends sales, ultra-polluantes, ou encore énergie du passé), rendez-vous sur fairfinancefrance.org

 

Conseil n°2

Placez votre argent vous-même, dans des projets qui correspondent au monde que vous voulez créer. C’est dans ce cadre que je me suis renseignée sur le projet Miimosa. La plateforme propose des financements participatifs sous forme de dons OU de prêts pour aider des projets d’agriculture durable à voir le jour. A ce jour, plus de 2200 projets ont été financés sur la plateforme dont plus de 80% ont permis de mettre en place des ventes directes ou en circuit court. Des projets qui soutiennent l’économie réelle et permettent aux agriculteurs de toucher une rémunération plus juste pour le travail qu’ils effectuent dans le respect du vivant. Des exemples ? En voici ! 100 000€ récoltés par 251 contributeurs pour le projet Tomato & CO vont permettre de créer 11 potagers en zones péri-urbaines d’ici 2021. Autre exemple : 100 000€ qui ont été prêtés par 284 contributeurs ont permis la conversion au bio de 3 hectares de verger de poires et de culture de carottes, ou encore ce projet de centrale hydraulique qui a été financé à 55 000€ sur la plateforme permettant de produire 0,9 GWh d’électricité par an pour une coopérative d’agriculteurs dans les Pyrénées (l’équivalent de la consommation électrique annuelle de plus de 500 foyers).

 

Pourquoi cette plateforme en particulier ? Parce que je suis persuadée que s’il est un secteur qu’il faut accompagner vers l’amélioration, la durabilité, et la résilience, c’est le secteur agricole. S’il est un secteur auquel il faut redonner ses lettres de noblesse et valoriser, c’est le secteur agricole. S’il est un secteur clé dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique qu’il nous faut nous réapproprier : c’est le secteur agricole. 

 

Les plus puristes clamerons peut-être à l’achat d’une conscience morale, ou pourrons dire que la consommation est le problème des enjeux climatiques, et ne peut donc en être la solution. Je comprends ce point de vue, mais je ne l’accepte pas. 

 

Personnellement, que ce soit la relocalisation et la conscientisation de nos achats ou l’orientation de nos investissements dans des filières qui ont besoin de soutien (à défaut d’une politique agricole commune [PAC] à la hauteur des enjeux du siècle), j’appelle cela de la cohérence.  On aura beau avoir le comportement eco-citoyen le plus poussé possible, si en même temps notre banque utilise l’argent de nos comptes pour financer l’extraction du charbon…c’est quand même dommage. Je vous l’accorde ce ne sont pas nos achats qui changeront le système monétaire, ou nos investissements qui mettront fin à l’impétueuse et suicidaire finance des marchés. Cela étant, si nous ne sommes pas prêts à changer notre propre quotidien, comment pourrions-nous prétendre changer le système. Ce ne sont peut-être pas les solutions radicales que certains attendent, mais elles font partie de la diversité des moyens d’actions qui méritent d’être explorés dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique, l’érosion des sols et de la biodiversité. Et surtout, choisir d’intégrer ces gestes à notre quotidien ne nous empêche pas (et ne doit pas nous empêcher) d’aller toujours plus loin dans notre réflexion face à la société, ou de dénoncer les causes réelles et systémiques des enjeux sociaux et écologiques auxquels nous faisons face. 

 

Pour être totalement transparente avec vous, je réalise que cet article pourrait sembler élitiste au regard des sujets qu’il aborde. Je réalise la chance que j’ai d’avoir l’espace mental et temporel nécessaire pour me poser ces questions sur l’argent; la chance que j’ai d’avoir un compte épargne. En aucun cas mes écrits ont pour but de faire culpabiliser ceux qui n’ont pas le luxe de le faire. D’ailleurs, les outils d’actions pour soutenir une agriculture résiliente et responsable ne se limitent pas aux investissements auxquels je fais référence évidemment (il pourrait aussi s’agir de participer à des projets d’agriculture urbaine, commencer un potager ou un prendre part à un jardin partagé etc.) Cependant, puisque je dispose d’un peu de sous à la banque, autant qu’ils servent des projets qui me touchent, plutôt que ceux que je déplore. Et puisque j’ai fait le choix de renoncer à beaucoup de pans de consommation que mes pairs (et souvent des personnes gagnant bien mieux leur vie que moi) consomment en masse, alors autant que le fruit de mes choix puisse avoir un effet bénéfique, et aider à voir fleurir l’agriculture de demain. Voici pourquoi j’ai souhaité soutenir Miimosa.

 

Moi qui ai l’habitude de dire que « choisir, c’est renoncer », cette fois-ci, j’ai plutôt le sentiment que « choisir, c’est reprendre pouvoir »

 

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Si vous décidez d’investir sur la plateforme Miimosa, sachez que vous avez 50€ d’offerts pour 200€ investis avec le code SORTEZTOUTVERT50 et 25€ pour 100€ d’investis avec le code SORTEZTOUTVERT25 ! Rendez-vous ici ! 

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